Villages en gradin, effigies animistes, une architecture qui intrigue et attire

Si l'ile de Flores possède une diversité ethnique considérable, toutes les communautés ne sont pas équivalentes du point de vue du voyageur. L'accueil est souvent excellent partout, c'est une valeur commune des indonésiens, mais c'est en pays ngada que les pratiques culturelles et religieuses sont restées les plus fortes et avec elles le maintien d'une architecture traditionnelle des villages et des maisons malheureusement trop souvent disparue ailleurs.

20160726_c052
Village de Gurusina
© Michel Racine


La distinction mâle / femelle est omniprésente dans tous les aspects de la vie, mais l'égalité homme / femme est bien mieux assurée ici que dans la plupart des autres communautés indonnésiennes. La société ngada n'est pas totalement matriarcale, mais l'arrêt des guerres tribales entre villages (un des rares effets positifs de la colonisation) a mis fin au rôle de guerrier assuré par les hommes et à une grande partie de leur pouvoir.

Tous les villages respectent une organisation stricte: les maisons sont disposées autour d'un espace central rectangulaire. Le faîte des maisons d'habitation des chefs de clan (ainés) distingue les lignées masculines et féminines: surmonté d'une représentaion humaine (le guerrier), c'est un sao lobo (masculin); surmonté d'une petite maison c'est un sao pu'u, habité par la lignée féminine. Dans l'espace central sont présentes deux sortes de petites "chapelles", les ngadhu et les bhaga. Le ngadhu (ngaduh), pilier surmonté d'un parasol représente l'ancêtre mâle du clan; lors des sacrifices d'animaux le sang s'écoule sur le mat central. Le bhaga, mère des ancêtres, est représenté par une maison miniature et honore les ancêtres féminins. Des stèles de pierre, nommées peo, sont placées autour d'une pierre sacrificielle, certaines sont des tombes. Chaque clan se doit de posséder sao pu'u, sao lobo, ngadhu et bhaga

20160726_c090
Sao lobo (le guerrier, lignée masculine, inférieure) et Sao pu'u (la maison, lignée féminine, supérieure); village de Luba. © Michel Racine
20010808_d38802
Bhaga et ngadhu honorent les ancêtres féminins et masculins (respectivement); village de Bena. © Michel Racine


La maison est petite (chaque maison n'abrite qu'une seule famille) et comprend une pièce centrale qui s'ouvre sur une véranda. Les pièces annexes sur les côtés sont facultatives. Le toit haut et pentu couvrant la pièce centrale est couvert d'herbe alang alang, tandis que le toit preque plat de la véranda est en bambous fendus. La tôle peut remplacer l'un et l'autre.

20010808_d38803
Sao Mawo Leni, Gurusina
© Michel Racine


Si le pays ngada se trouve (opportunément?) situé entre les deux "hotspots" touristiques de Florès (Labuanbajo et le Kelimutu), seuls les voyageurs faisant l'effort de se déplacer par voie terrestre entre ces deux points peuvent en bénéficier. Les villages accoutumés aux étrangers sont suffisamment nombreux pour éviter concentration et saturation et les homestays sont développés et bien organisés. Les visiteurs sont traités comme des hôtes et le repas du soir est généralement précédé par le sacrifice d'un (ou plusieurs) poulet qui sera ensuite consommé.

Le tissage est activement pratiqué et les ikats sont traditionnellement teints à l'indigo. Le lawo butu est un sarong cérémoniel rehaussé de coquillages porté par les femmes lors des grandes occasions.

Les ascensions de volcans (Inerie et Ebulobo) et les bains dans des sources chaudes complètent agréablement visites et nuits dans les villages.

Pour en savoir plus et préparer votre voyage:
le pays Ngada (Ngadha).

Ngada people. Encyclopaedia Britannica.