Leur isolement fait leur richesse

Des iles préservées du tourisme de masse. On n'y fait pas la fête (encore que), mais ces iles ne sont pas non plus des iles pour Robinson, totalement désertes. Vous y trouverez ce qu'il faut de ressources: le nécessaire sans le superflu.

Rapa Nui

Un guide célèbre expliquait que l'on avait souvent le coeur noué en quittant l'ile de Pâques. Une sensation qui d'habitude se ressent plus pour des humains que pour un lieu. C'est pourtant exactement ce qui m'est arrivé. Je n'écrirai rien ici sur les moai, ni sur la civilisation disparue de Rapa Nui. Si cette ile à sa place dans cet article, c'est au même titre que les autres iles qui suivent. Parce que c'est un espace clos où l'on se retrouve face à soi-même et face à la nature, en un mot face à l'essentiel.

Si vous évitez la fête de la Tapati (qui a sûrement son intérêt, mais c'est une autre histoire) et les vacances scolaires chiliennes qui l'encadrent, l'ile est peu fréquentée et vous aurez souvent l'impression que ses paysages ouverts s'offrent à vous seul. Cette sensation d'isolement est sans doute pour beaucoup dans la magie des lieux.

L'ile a une histoire riche et tragique. Repérée par des navigateurs polynésiens capables de la découvrir au milieu de nulle part, elle a permis le développement d'une civilisation unique dont les causes de disparition nous échappent. Martyrisée par la colonisation, elle essaie de trouver aujourd'hui un équilibre, dans un tourisme sobre et défendue par son isolement. L'ile ne mesure que 24 km de longueur et il n'y a rien à la ronde avant de faire 4 heures d'avion. Mis à part les chiliens, une bonne part des voyageurs s'arrêtant ici, le font au cours d'un tour du monde. Un fait qui maintient une certaine sélection (Latam Airlines détient l'exclusivité des vols et les prix sont élevés). Les séjours des non résidents sont limités à un mois, ce qui est tout de même suffisant pour une ile dont on fait le tour à vélo en une journée.

Il existe un club de plongée à Hanga Roa et vous aurez de quoi vous occuper une, ou mieux deux semaines, en randonnant à pied en bord de mer ou à l'intérieur. Les côtes sont presque toujours rocheuses et souvent bordées de hautes falaises, mais la plage d'Anakena reste non aménagée et vous pouvez découvrir de petites criques en longeant la mer vers l'est jusqu'à la baie de La Pérouse.

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Rapa Nui, Ahu Tongariki. Ces cocotiers sont d'introduction récente alors que l'ile a compté jusqu'au 14e siècle d'importantes forêt de palmiers. © Michel Racine

Andaman

Lorsque l'on pense à l'Inde, l'image d'iles de rêve n'est pas celle qui vient la première à l'esprit. Pourtant les iles Andaman apportent une facette supplémentaire à l'extraordinaire diversité physique et culturelle du "sous-continent".

Le changement est progressif car Port-Blair vous rappellera bien des villes indiennes, mais à peine plus loin, vous êtes face à des paysages fabuleux; des iles vierges où la forêt tropicale n'est séparée par des eaux turquoises que par une mince frange de sable blanc; des mangroves que troublent à peine quelques barques de pêcheurs. Sans vous inviter à un tourisme ethnique heureusement découragé par les autorités et qui a parfois présenté un exemple détestable, la présence d'ethnies négritos ayant peu de contact avec la civilisation indienne et avec notre civilisation mondialisée tout court, que vous ne rencontrerez donc pas, ajoute un piment (mental et sublimé) à ces lieux. Les Andaman constituent un peu la dernière frontière qui stimule le côté explorateur présent chez tout voyageur.

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Pêche au filet lancé (épervier ou cast net), Neil island. © Michel Racine


Le gouvernement indien cherche à développer le tourisme (ce qui est toujours préférable à l'exploitation des forêts); pour rester dans l'esprit de cet article, je ne mettrai pas en avant l'ile Havelock, sauf si vous faites de la plongée, et si vous aimez rencontrer d'autres touristes. Ailleurs, ne vous attendez pas trop au confort. Neil est une ile minuscule où vous pourrez partager vos journées entre petites sorties à vélo dans l'intérieur à la rencontre d'une population accueillante et farniente ou snorkeling sur les plages. Forêt tropicale, rizière, cocoteraie, tout n'est ici que douceur de vivre; les plages n'ont que des numéros: 1, 2, 3, 4, signe que le tourisme de masse n'est pas encore arrivé. Je suis tombé amoureux de la numéro 1, d'une beauté indescriptible. Et si vous trouvez qu'il y a encore trop de monde, si vous êtes prêts à affronter les mouches des sables et à éviter les crocodiles, poussez jusqu'à Little Andaman réputée offrir le meilleur surf de l'Inde.

Togian

Vous aurez eu du mal à les atteindre, mais dites vous bien que sans cette difficulté, ces archipels auraient sans doute perdu cette mystérieuse aptitude à provoquer notre attachement.